ABZ
« ABZ» est un rendez-vous érotique et suffocant entre trois artistes plasticiennes et un absorbeur d'humidité.
L'une est une crooneuse coiffée de nœuds en pâte d'amande, qui célèbre un amour, son regard porté loin sur un horizon perdu.
Regarder la mer en duo inséparables et sexy comme une paire de jeans.Une autre exécute une chorégraphie qui reprend la danse nuptiale de la grue sur un chant librement inspiré du brame du cerf, oscillant entre virilité plantureuse et séduction lascive.
La dernière apprivoise la fraîcheur de bonbons pastille blanche mentholés qu'elle machouille. Deux jets noirâtres de coca-cola jaillissent comme du pétrole, tandis que l’absorbeur d’humidité sature au paroxysme des transpirations, des crachats et des salives des comédiennes.
Sur cette ambiguïté - profondément romantique - les artistes livrent leurs corps et leurs âmes à la cause incertaine de l’art, belliqueuse et impalpable, comme le diable. En définitive, il convient ici de ritualiser exorciser la condition de la femme, artiste, qui s'interroge quant à ce choix professionnel pour le moins épineux à l’heure actuelle, tant économiquement, qu’intellectuellement. Ainsi, la figure de l’aguicheuse érotique, n’est peut-être qu’une parade satirique pour prendre acte d’une condition précaire et vulnérable et alarmante, à prendre à bras le corps, en son sein. Et c’est justement la gravité dans ses différentes acceptions qu’il s’agit de déjouer, en apprivoisant le risque de la débâcle, du scandale, de la limite, qui susciterait un malaise semblable à ce sentiment nébuleux, de « plaisir coupable », causé par une masturbation, les images violentes, les spams tapageurs, les hashtags abjectes.