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"Les performances et les installations de Sarah Vigier procèdent par rapprochements formels, glissements sémantiques, coïncidences heureuses ou forcées, où l’artiste fait feu de tout bois…

Et jette de l’huile dessus.

 

 

Le génie étant une notion morte et enterrée depuis des temps forts anciens, l’inspiration créatrice tire ici tous les profits des interprétations confuses, des syncrétismes déviants et de la dégénérescence des savoirs, tels qu’on les trouve à l’état pur sur Wikipédia ; elle se repait de piètres jeux de mots, tels que les pratique son groupe de « pop approximative » Bazar Laqué, pour faire sortir de son chaudron, par une incantation dyslexique (« entre fiel et merde »), de nouvelles cosmogonies. Ainsi, au Creux de l’Enfer, où l’artiste a logiquement convenu d’inviter le Diable personne, se trouvent réunis, le Cerbère des enfers homériques après une séance de toilettage au Paradis du Toutou, le fantôme d’Alain Bashung et celui de Jeanne d’Arc ramenés à la vie au cours d’une performance de rock médiéval (« Oyé Oyé, Oh Yeah ! »), une déesse bouddhiste, une pin up, ou encore, l’impétueuse duchesse d’Albe peinte par Goya, qui trône pour l’occasion dans un petit cadre coiffé d’une fougueuse crête en poil de caniche royal…

 

Prenons garde, si l’art de Sarah Vigier se situe quelque part entre la sorcellerie en kit et la comédie bouffonne, c’est une affaire sérieuse, que l’on aurait tort de croire inoffensive. D’abord, la disposition de ces objets ésotériques sur l’Autel particulier n’a rien d’une mise en scène mais donne la preuve tangible d’un rituel d’envoutement qui a eu lieu ici, tout comme les visiteurs, le soir du vernissage, ont bien communié en mangeant aveuglément de petits os en biscuit à l’avoine. Ensuite, faut-il considérer la charge critique que recèle cet usage excessif des stéréotypes comme ce penchant pour le mauvais goût en des temps tourmentés, qui, sur le mode du grotesque, répond aux aberrations du monde avec ses propres arguments. "

Julie Portier

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